Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/140

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sous sa main. Honteuse enfin de l’émotion qui l’avoit trahie, elle passa subitement à une chanson si gaie, si légère, que des pas de danse sembloient répondre à toutes les notes. Bravissimo, s’écria son auditoire ; et l’air fut redemandé. Au milieu des complimens qu’on lui fit, ceux du comte ne furent pas les moins empressés ; ils duroient encore quand Emilie passa le luth à la Signora Livona, qui s’en servit avec tout le goût italien.

Le Comte, Emilie, Cavigni, et la Signora, chantèrent ensuite des Canzonnettes, accompagnés de deux luths et de quelques autres instrumens. Quelquefois les instrumens cessoient, et les voix dans un parfait accord s’adoucissoient jusqu’au dernier degré ; elles se relevoient après une pause : les instrumens reprenoient successivement, et le chœur général faisoit retentir les airs.

Pendant ce temps, Montoni, las de cette musique, réfléchissoit au moyen de se dégager de la partie, pour suivre ceux qui voudroient aller au jeu dans un casin. Il proposa de retourner au rivage : Orsino l’appuya de grand cœur ; mais le comte et tous les autres s’y opposèrent avec vivacité.

Montoni méditoit de nouveau comment il pourroit se dispenser d’accompagner le