Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/145

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négligemment par-derrière ; elle tenoit son luth avec grâce ; et les fleurs et le feuillage, placés dans de grandes caisses pour ombrager les jalousies, formoient un dôme au-dessus d’elle. Emilie s’éloigna un peu, esquissa légèrement sa figure avec ces jolis accessoires, en fit un dessin agréable, et présenta l’ouvrage à son charmant original. Herminie le reçut avec autant de plaisir que de reconnoissance, en jurant que ce gage d’amitié lui deviendroit à jamais précieux.

Cavigni rejoignit les dames dans la soirée. Montoni avoit d’autres engagemens. Elles s’embarquèrent dans la gondole pour se rendre à la place Saint-Marc, où l’affluence étoit aussi considérable que la veille.

Après une courte promenade, on s’assit à la porte d’un casin ; et pendant que Cavigni se faisoit apporter du café et des glaces, le comte Morano arriva. Il aborda Emilie avec un air d’impatience et de plaisir, qui, joint à ses attentions continuelles de la veille, l’obligèrent à le recevoir avec la plus timide réserve.

Il étoit près de minuit lorsqu’on se rendit à l’opéra. Emilie, en y entrant, se rappela tout ce qu’elle venoit de quitter, et fut moins éblouie. Toute la splendeur de l’art lui paroissoit au-dessous du sublime