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par elle. Je voulois être admis dans le château, dans les jardins qu’avoit habités mon Emilie. Je trouve votre image dans chaque bosquet ; j’aime sur-tout à m’asseoir sous l’ombrage touffu de votre platane favori, dans cet endroit où nous fûmes une fois assis ensemble, où j’osai vous dire que je vous aimois. Ô ma chère Emilie ! le souvenir de ces momens s’empare de moi tout entier. Je me perds dans les rêveries ; je m’efforce à vous voir à travers le nuage de mes larmes ; je voudrois entendre les accens de cette voix qui firent tressaillir mon cœur et de tendresse et d’espérance. Je m’appuie sur les murs de cette terrasse d’où nous regardions ensemble le cours rapide de la Garonne. Emilie ! ces momens sont-ils passés pour toujours ! ces momens ne reviendront-ils plus » !

Dans une autre partie de la lettre, il écrivoit : « Vous devez voir que ma lettre est datée de plusieurs jours différens. Regardez ces premières lignes, et vous verrez que je les écrivis bientôt après votre départ de France. Vous écrire, c’est la seule occupation qui me tira de ma mélancolie, et qui me rendit votre absence supportable : il me sembloit qu’elle vous rapprochoit. Quand je conversois avec vous sur