Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/169

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tretien particulier. Morano se rendit à sa demande.

Emilie, consolée par la perspective de quelque repos, employa ses soins concilians à prévenir toute explosion entre deux personnes qui venoient de la persécuter, et même de l’insulter sans ménagement.

Elle reprit un peu ses esprits, quand elle entendit encore une fois les chansons et les rires qui résonnoient sur le grand canal. Le zendaletto s’arrêta sous la maison de Montoni ; le comte conduisit Emilie dans une salle où Montoni la prit par le bras, et lui dit quelque chose à voix basse. Morano baisa la main qu’il tenoit, nonobstant l’effort d’Emilie pour la dégager des siennes ; il lui souhaita le bonsoir avec un accent et un regard dont l’expression n’étoit pas douteuse, et retourna au zendaletto, accompagné de Montoni.

Emilie, dans son appartement, considéra avec une extrême inquiétude la conduite injuste et tyrannique de Montoni, la persévérance impudente de Morano, et sa triste situation à elle-même, loin de ses amis et de sa patrie. Elle regardoit en vain Valancourt comme son protecteur ; il étoit retenu loin d’elle par son service ; mais c’étoit au moins une consolation de savoir qu’il