Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous ne comptez pas, j’espère, persister à soutenir que vous ignoriez le sujet de ma lettre.

Depuis votre silence j’avois espéré, monsieur, qu’il n’étoit plus nécessaire d’insister, et que vous aviez reconnu votre erreur.

Vous aviez espéré l’impossible, s’écria Montoni : il eût été aussi raisonnable à moi d’attendre de votre sexe, une conduite conséquente et de la franchise, qu’à vous d’imaginer que vous pourriez me convaincre d’erreur.

Emilie rougit et garda le silence : elle apperçut alors trop clairement qu’elle avoit en effet espéré l’impossible, et que là où il n’avoir point existé d’erreur, on ne pouvoit amener la conviction ; il était évident que la conduite de Montoni n’avoit point été l’effet d’une méprise, mais celui d’un dessein concerté.

Impatiente d’échapper à une conversation aussi affligeante qu’humiliante pour elle, Emilie retourna sur le tillac, et reprit sa place près de la poupe, sans redouter le froid. Il ne s’élevoit aucune vapeur des eaux, et l’air étoit sec et tranquille. Là du moins la bonté de la nature lui accorda le repos que Montoni lui refusoit.