Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/183

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les choses qu’elle avoit eu le bonheur d’y voir. Dans ces flatteuses descriptions, elle finissoit par s’en imposer à elle-même, et jamais un plaisir présent n’avoit valu pour elle un plaisir passé. Le climat admirable, le parfum des arbres odorans, tout le luxe qui l’entouroit, étoient sans intérêt pour elle. Son imagination se portoit tout entière sur les régions septentrionales.

Emilie attendit en vain le nom de Valancourt. Madame Montoni parla à son tour des charmes de Venise, et du plaisir qu’elle se promettoit en visitant le château de Montoni dans l’Apennin. Ce dernier point n’étoit mis en avant que par vanité. Emilie savoit bien que sa tante prisoit peu les grandeurs solitaires, et celles sur-tout que présentoit le château d’Udolphe. La conversation continua ; on se chagrina mutuellement autant que la politesse pouvoit le permettre par une réciproque ostentation. Couchés sur des sofas, sous un élégant portique, environnés des prodiges de la nature et de l’art, des êtres sensibles eussent éprouvé des mouvemens de bienveillance, d’heureuses dispositions, et eussent cédé avec transport à toutes les douceurs de ces enchantemens.

Bientôt après, le jour parut ; le soleil se