Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/193

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Emilie resta immobile après que Montoni l’eut laissée ; elle étoit au désespoir ou plutôt stupéfaite ; le sentiment de la misère étoit le seul qu’elle eut conservé ; madame Montoni la trouva dans cet état. Emilie leva les yeux, et la douleur qu’exprimoit toute sa personne, ayant sans doute attendri sa tante, elle lui parla avec plus de bonté qu’elle ne l’avoit encore fait ; le cœur d’Emilie fut touché, elle versa des larmes, et après avoir pleuré quelque temps, elle recouvra assez de force pour raconter le sujet de sa détresse, et s’efforcer de toucher en sa faveur madame Montoni. La compassion de sa tante avoit été surprise, mais son ambition ne pouvoit se modérer, et elle se proposoit d’être la tante d’une comtesse. Les tentatives d’Emilie eurent aussi peu de succès auprès d’elle qu’auprès de Montoni lui-même : elle gagna son appartement, et se remit à pleurer. Combien elle se rappeloit ses adieux avec Valancourt, et combien elle regrettoit que l’Italien eût mis tant de réserve au sujet de Montoni ! Néanmoins, quand elle se fut rétablie du premier choc, elle considéra qu’on ne pouvoit forcer son union avec Morano, si elle persistoit à ne point répéter les paroles nécessaires à la cérémonie ; elle résolut d’atten-