Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/197

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sorti avec ses excuses, qu’elle s’en repentit ; elle voulut essayer si la confiance et les prières produiroient plus que ses refus et son dédain ; elle rappela le domestique, et rétractant son message, elle se disposa à venir elle-même trouver le comte.

La dignité, le maintien noble avec lequel elle l’aborda, l’air résigné et pensif qui adoucissoit ses traits, n’étoient pas de bons moyens pour le faire renoncer à elle, et ne firent qu’augmenter une passion qui avoit déjà enivré son jugement. Il écouta ce qu’elle lui disoit avec une apparente complaisance et un grand désir de l’obliger ; mais sa résolution étoit invariable. Il mit en œuvre, auprès d’elle, l’art et l’insinuation, dont il savoit les secrets. Bien certaine qu’elle ne devoit rien espérer de sa justice, Emilie répéta son opposition absolue, et le quitta avec l’assurance formelle qu’elle maintiendroit son refus de quelque manière qu’on prétendît le lui faire révoquer. Un juste orgueil avoit retenu ses larmes en la présence de Morano, elles coulèrent dans la solitude avec toute l’amertume du cœur, elle appeloit son père, et s’attachoit avec une exprimable douleur à l’idée chérie de Valancourt.

Elle ne parut point au souper, et resta