Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/204

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monsieur lui-même est venu avec beaucoup d’humeur ; il nous a tous fait lever, et nous a déclaré qu’il falloit quitter Venise à l’instant.

— Le comte Morano vient-il avec lui, dit Emilie ? Où devons-nous aller ?

— Je ne le sais pas bien, mademoiselle. J’ai entendu, tout en allant, Ludovico parler de la Terre-Ferme, et parler du château qu’a le signor dans les montagnes.

— Les Apennins, dit vivement Emilie ? J’ai donc bien peu à espérer !

— C’est cela même, mademoiselle. Mais ne vous tourmentez pas tant ; ne prenez pas la chose si fort à cœur : pensez au peu de temps que vous avez, et à l’impatience de M. Montoni. Bon Dieu ! j’entends les rames sur le canal ; ils approchent, ils frappent sur les degrés. C’est la gondole, cela est sûr.

Annette sortit bien vite. Emilie se disposa à cette fuite soudaine, et n’imagina pas qu’aucun changement dans sa situation pût l’aggraver. Elle eut à peine jeté ses livres et ses vêtemens dans son porte-manteau, qu’elle reçut un second avertissement : elle descendit au cabinet de toilette de sa tante, où Montoni lui reprocha sa lenteur. Il sortit ensuite pour donner quelques ordres,