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étoient unies par une courtine munie de créneaux et de casemates. Du haut de la voûte tomboit une pesante herse. De cette porte, les murs des remparts communiquoient à d’autres tours, et bordoient le précipice ; mais ces murailles presqu’en ruine, apperçues à la dernière clarté du couchant montroient les ravages de la guerre. L’obscurité enveloppoit tout le reste.

Tandis qu’Emilie observoit avec tant d’attention, on entendit des pas derrière les portes, et bientôt on tira les verroux. Un ancien serviteur du château parut ensuite, et poussa les lourds battans pour laisser entrer son seigneur. Pendant que les roues tournoient avec fracas sous ces herses impénétrables, le cœur d’Emilie fut prêt à défaillir : elle crut entrer dans sa prison. La sombre cour qu’elle traversa confirmoit cette idée lugubre, et son imagination, toujours active, lui suggéra même plus de terreur que n’en pouvoit justifier sa raison.

Une autre porte ouvrit la seconde cour ; de hautes herbes la couvroient de toute part. Elle étoit plus triste encore que la première. Emilie en jugeoit à l’aide d’un, foible crépuscule : elle voyoit ses hautes murailles tapissées de brioine, de mousse, de lierre, et les tours crénelées qui s’éle-