Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avoit jamais éprouvé d’elle. Cette tendresse inattendue fit couler les larmes d’Emilie. Elle salua Montoni, et elle se retiroit. Mais vous ne savez pas le chemin de votre chambre, dit sa tante. Montoni appela le domestique, qui attendoit dans l’anti-chambre, et lui ordonna d’envoyer la femme-de-chambre de madame Montoni. Elle vint en peu de minutes, et suivit Emilie, qui se retira.

— Savez-vous où est ma chambre, dit-elle à Annette en traversant la salle.

— Oui, je crois le savoir, mademoiselle. Mais c’est une étrange pièce ; il y a de quoi s’y promener ; je m’y suis perdue. On l’appelle la double chambre ; elle est sur le rempart du midi ; on y va par le grand escalier. La chambre de madame est à l’autre extrémité du château.

Emilie monta l’escalier et vint au corridor. En le traversant, Annette reprit son caquet. — C’est un lieu bien sauvage et bien triste que celui-ci, mademoiselle ; je me sens tout effrayée d’y vivre. Ô combien souvent et souvent j’aurois déjà voulu me revoir en France ! Je ne pensois guère, lorsque je suivis madame pour voir le monde, que je serois claquemurée dans un endroit comme celui-ci ; je n’aurois pas quitté mon pays.