Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/231

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dormir dans cette pièce écartée, seule, et avec une porte dont elle ignoroit l’issue, et qu’elle ne pouvoit condamner. Quelquefois elle vouloit prier madame Montoni de lui laisser Annette pour passer la nuit dans sa chambre, mais elle s’en éloigna par la crainte de trahir une frayeur, qu’on nommerait puérile, et par celle aussi d’ébranler tout-à-fait l’imagination frappée d’Annette.

Ces affligeantes réflexions furent bientôt après interrompues par le bruit de quelqu’un qui marchoit dans le corridor : c’étoit Annette et un domestique qui lui apportoient à souper de la part de madame Montoni. Elle se mit à table auprès du feu, et obligea la bonne Annette de partager ce petit repas. Encouragée par sa condescendance, et par l’éclat et la chaleur du foyer, Annette rapprocha sa chaise de celle d’Emilie, et lui dit : Avez-vous jamais entendu parler, mademoiselle, de l’étrange événement qui a donné ce château à monsieur ?

— Quelle étonnante histoire avez-vous donc ouï dire ? reprit Emilie, en cachant la curiosité que lui inspiroient d’anciennes et mystérieuses ouvertures à ce sujet.

— Je sais tout, mademoiselle, dit Annette en regardant autour d’elle, et s’ap-