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avec le sien. Madame Chéron lui avoit parlé de dissimulation, d’artifices ; elle avoit prétendu que cette délicatesse qu’elle admiroit dans son amant, n’étoit rien qu’un piège pour lui plaire, et pourtant elle croyoit à sa sincérité. Un doute néanmoins, quelque foible qu’il fût, étoit suffisant pour accabler son cœur.

Le bruit d’un cheval sur la route, au-dessous de la fenêtre, la tira de sa rêverie. Elle vit un cavalier, dont l’air et le maintien rappeloient Valancourt ; car l’obscurité ne lui permettoit pas de distinguer ses traits. Elle se retira de la fenêtre, craignant d’être apperçue, et désirant pourtant d’observer. L’étranger passa sans regarder, et quand elle se fut rapprochée du balcon, elle le vit dans l’avenue qui menoit à Toulouse, Ce léger incident la préoccupa de telle sorte, que le pavillon, le spectacle, en perdirent tous leurs charmes : après quelques tours de terrasse, elle rentra bien vite au château.

Madame Chéron rentra chez elle avec plus d’humeur que de coutume ; Emilie se félicita, lorsque l’heure lui permit de se retrouver seule dans son appartement.

Le lendemain matin, elle fut appelée chez madame Chéron, dont la figure étoit