Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/37

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tueux dont madame Chéron parloit de son père.

Je vous ai fait appeler, lui dit sa tante, pour vous signifier que je n’entends point être importunée de lettres ou de visites par tous les jeunes gens qui prétendront vous adorer. Ce M. de Valent… je ne sais comment vous l’appelez, a l’impertinence de me demander que je lui permette de m’offrir son respect. Je lui répondrai comme il convient. Pour vous, Emilie, je vous le répète une fois pour toutes, si vous ne vous conformez point à mes volontés, je ne m’inquiéterai plus de votre éducation, et je vous mettrai dans un couvent.

Ah ! madame, dit Emilie fondant en larmes, comment ai-je mérité ce que j’éprouve ? Madame Chéron, dans ce moment, en eût obtenu la promesse de renoncer pour jamais à Valancourt. Frappée de terreur, elle ne vouloit plus consentir à le revoir ; elle craignoit de se tromper, et ne pensoit pas que madame Chéron pût le faire ; elle craignoit enfin de n’avoir pas mis assez de réserve dans l’entretien de la Vallée. Elle savoit bien qu’elle ne méritoit pas les soupçons odieux qu’avoit formés sa tante ; mais elle se tourmentoit de scrupules sans nombre. Devenue timide, et redoutant de mal