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Quand, à table, elle revit madame Chéron, ses yeux trahissoient ses larmes ; elle en eut de vifs reproches.

Ses efforts pour paroître gaie, ne manquèrent pas tout-à-fait leur but. Elle alla chez madame Clairval, veuve d’un certain âge, et depuis peu établie à Toulouse dans une propriété de son époux. Elle avoit vécu plusieurs années à Paris avec beaucoup d’élégance. Elle étoit naturellement enjouée ; et depuis son arrivée à Toulouse, elle avoit donné les plus belles fêtes qu’on eût jamais vues dans le pays.

Tout cela excitoit non-seulement l’envie, mais aussi la frivole ambition de madame Chéron. Et puisqu’elle ne pouvoit rivaliser de faste et de dépense, elle vouloit qu’on la crût l’intime amie de madame Clairval. Pour cet effet, elle étoit de la plus obligeante attention ; elle n’avoit jamais d’engagement lorsque madame Clairval l’invitoit. Elle en parloit par-tout, et se donnoit de grands airs d’importance, en faisant croire qu’elles étoient extrêmement liées.

Les plaisirs de cette soirée consistoient en un bal et un souper. Le bal étoit d’un genre neuf. On dansoit par groupes dans des jardins fort étendus. Les grands et beaux