Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/52

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troduit à cette table ? L’attention de celui qu’elle interrogeoit fut distraite avant qu’il eût répondu. La table où l’on étoit assis étoit fort longue ; Valancourt s’étant placé avec sa danseuse au milieu, et Emilie se trouvant à l’un des bouts, il n’avoit pu la voir. Emilie évita de porter les yeux de ce côté ; mais quand par hasard ils y tomboient, elle voyoit Valancourt entretenir sa belle voisine, et cette observation ne ramenoit pas le calme dans son cœur, sur-tout après ce qu’elle avoit entendu sur la fortune et les perfections de la jeune dame.

Les remarques sur ce sujet fournissoient la matière d’une conversation indifférente, et quelqu’un les adressoit à madame Chéron, ardente à déprécier Valancourt. — J’admire la jeune personne, dit-elle ; mais je condamne son choix. — Oh ! le chevalier Valancourt est le plus charmant jeune homme que nous ayons, reprit la dame à qui la réponse étoit faite : on dit même que mademoiselle Démery et sa grande fortune seront bientôt à lui.

— C’est impossible, s’écria madame Chéron, en rougissant à l’excès : il a si peu l’air d’un homme de condition, que si je ne le voyois pas à la table de madame Clairval, je n’aurois jamais soupçonné qu’il le fût ;