Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment d’où elle venoit. Emilie, avec sa permission, la décacheta ; et voyant la signature de Valancourt, elle la remit à sa tante sans l’avoir lue. Sa tante la prit avec impatience, et pendant qu’elle lisoit, Emilie tâchoit d’en juger le contenu dans ses yeux ; elle lui rendit la lettre, et comme les regards d’Emilie demandoient si elle pouvoit lire : Oui, lisez, mon enfant, dit madame Chéron avec moins de sévérité qu’elle n’en avoit attendu ; Emilie n’avoit jamais obéi aussi volontiers. Valancourt, dans sa lettre parloit peu de l’entrevue de la veille ; il déclaroit qu’il ne recevroit son congé que d’Emilie seule, et il la conjuroit de le recevoir le soir même. En lisant, elle s’étonnoit que madame Chéron eût montré autant de modération ; et la regardant timidement, elle lui dit d’un ton triste : Que vais-je répondre ?

— Quoi ! il faut voir ce jeune homme. Oui, je le crois, dit la tante ; il faut entendre ce qu’il peut dire en sa faveur ; faites-lui dire qu’il vienne. Emilie osoit à peine croire ce qu’elle entendoit. — Non, restez, ajouta madame Chéron, je vais le lui écrire moi-même. Elle demanda de l’encre et du papier. Emilie n’osant se fier aux émotions qu’elle éprouvoit, pouvoit à peine