Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/65

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ront un peu retardées ; mais j’entends que, pour faire honneur à la fête, vous vous pariez de ceux de vos habits de mariage qui sont faits. Je désire aussi que vous appreniez mon changement de nom à M. Valancourt ; il en informera madame Clairval. Je veux, sous peu de jours, donner un grand repas, et je compte sur eux.

Emilie étoit tellement étonnée, qu’à peine elle répliqua à madame Montoni ; et selon son désir, elle revint informer Valancourt de ce qui s’étoit passé. La surprise ne fut pas le premier sentiment de Valancourt en entendant parler de ces noces précipitées. Quand il apprit que les siennes seroient différées, que les ornemens préparés pour embellir l’hymen de son Emilie alloient être dégradés en servant à madame Montoni, la douleur et l’indignation vinrent tour-à-tour agiter son ame. Il ne put les dissimuler à Emilie ; ses efforts pour le distraire, pour plaisanter de ses craintes subites, furent inutiles. Quand à la fin il la quitta, il y avoit dans ses adieux une tendre inquiétude qui l’affecta vivement. Elle pleura elle-même sans savoir pourquoi, quand il fut au bout de la terrasse.

Montoni prit possession du château avec la facilité d’un homme qui, depuis long-