Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/136

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de ses camarades ; et dès qu’il avoit un moment, il se retiroit seul pour s’occuper d’Emilie. Peu à peu les riantes sociétés dans lesquelles il se trouvoit nécessairement occupèrent son attention, sans toutefois l’intéresser bien vivement ; mais l’habitude de la douleur lui devint moins familière ; il cessa même de la regarder comme un devoir de son amour. Parmi ses camarades, plusieurs joignoient à toute la gaîté françoise, ces qualités séduisantes qui souvent prêtent du charme aux traits du vice. Les manières réservées et réfléchies de Valancourt étoient pour ces jeunes gens une sorte de censure ; ils l’en railloient en sa présence, complotoient contre lui quand il étoit absent, se glorifioient dans la pensée de l’amener à les imiter, et se flattoient d’y parvenir.

Valancourt, étranger aux projets et aux intrigues de ce genre, ne pouvoit se mettre en garde contre cette séduction. Peu accoutumé aux sarcasmes, il ne pouvoit en endurer le ridicule. Il s’en fâchoit, et l’on rioit encore plus. Pour échapper à de pareilles scènes, il s’enferma dans la solitude, et l’image d’Emilie vint y ranimer les angoisses de son amour et de son désespoir. Il voulut reprendre les études qui avoient charmé ses premières années ; mais son esprit n’avoit