Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/139

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qu’il poursuivoit des distractions frivoles et des plaisirs qui l’étourdissoient.

Il alloit aussi très-souvent chez une marquise de Champfort, jeune veuve assez jolie, fort gaie, très-artificieuse et très-intrigante. Assez adroite pour jeter un voile sur les défauts de son caractère, elle recevoit encore quelques gens distingués. Valancourt y fut introduit par deux de ses camarades. Il avoit alors perdu si bien ses premiers ridicules, qu’il étoit disposé à en rire le premier.

L’éclat de la plus brillante cour de l’Europe, la magnificence des palais, des parures, des équipages, tout concouroit à l’éblouir. L’image d’Emilie n’étoit pourtant pas bannie de son cœur, mais elle n’étoit plus l’amie, le conseil qui le sauvoit de lui-même ; et quand il y revenoit, elle paroissoit prendre un air de reproches, tendres à la vérité, mais dont son ame étoit froissée.

Tel étoit l’état de Valancourt pendant qu’Emilie souffroit à Venise les persécutions de Morano, et l’injuste oppression de Montoni.