Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/161

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quelle chambre Annette avoit parlé, mais elle n’ignoroit pas qu’elle devoit passer devant. Son œil inquiet essayoit de percer l’obscurité profonde ; elle marchoit légèrement et d’un pas timide. Arrivée près d’une porte, il en sortoit des sons, quoique faibles. Elle hésita. Bientôt sa crainte devint telle, qu’elle n’eut plus assez de force pour avancer. Soudain la porte s’ouvrit. Une personne, qu’elle crut être Montoni, parut, se rejeta promptement dans la chambre, et referma la porte. À la lumière qui brûloit dans la chambre, elle avoit cru distinguer une personne près du feu, dans l’attitude de la mélancolie. Sa terreur s’évanouit, mais la surprise lui succéda. Le mystère de Montoni, la découverte d’une personne qu’il visitoit à minuit dans un appartement interdit, et dont on rapportoit tant d’histoires, c’étoit de quoi exciter sa curiosité.

Pendant qu’elle flottoit dans le doute, désirant surveiller les mouvemens de Montoni, mais craignant de l’irriter en paroissant les découvrir, la porte s’ouvrit encore doucement, et se referma pour la seconde fois. Alors Emilie se glissa légèrement dans la chambre très-voisine de celle-là ; elle y cacha sa lampe, et retourna dans un détour