Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/164

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du succès ; elle lui remontra l’impossibilité de franchir les portes, assurées et gardées comme elles l’étoient ; l’extrême danger de se confier à la discrétion d’un valet, qui pourroit la trahir à dessein ou par imprudence ; la vengeance de Montoni qui, s’il découvroit cette intention… Emilie desiroit, autant que madame Montoni, de recouvrer sa liberté et de retourner en France ; mais, attentive seulement à la sûreté de sa tante, elle lui conseilloit de céder, sans braver un nouvel outrage.

Cette lutte d’émotions contraires déchira le cœur de madame Montoni. Montoni entra tout-à-coup ; et sans parler de l’indisposition de sa femme, il déclara qu’il venoit lui rappeler combien vainement elle lui résisteroit. Il lui donnoit jusqu’au soir pour qu’elle consentît à sa demande, ou l’obligeât, par ses refus, à l’exiler dans la tour de l’orient ; et il ajouta qu’une réunion de cavaliers dîneroit ce même jour au château, qu’elle feroit les honneurs de la table, et qu’Emilie l’accompagneroit. Madame Montoni étoit au moment de s’y refuser, mais considérant que durant le repas, sa liberté, quoique restreinte, pourroit favoriser ses plans, elle consentit. Montoni sortit aussi-tôt. L’ordre qu’elle avoit reçu