Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/166

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toni et ses hôtes étoient déjà à table. Elle alloit se placer près de sa tante, mais Montoni lui fit signe de la main. Deux cavaliers se levèrent, et la firent asseoir entre eux.

Le plus âgé de ces deux hommes étoit très-grand ; il avoit des traits italiens fortement prononcés, le nez aquilin, les yeux creux et très-pénétrans ; ils sembloient de feu quand son ame étoit agitée, et même dans un état de repos ils gardoient quelque chose de l’emportement des passions. Son visage étoit maigre, alongé comme après un long jeûne.

L’autre, d’environ quarante ans, avoit des traits d’un autre genre. Son regard sournois paroissoit fin et subtil ; ses yeux, d’un gris noir, étoient petits et très-enfoncés ; sa figure presqu’ovale, irrégulière, et mal dessinée.

Huit autres personnages se trouvoient à la même table ; ils étoient tous en uniforme, et gardoient tous une expression plus ou moins forte, de férocité, d’astuce ou de libertinage. Emilie les regardoit avec timidité, se rappeloit la matinée de la veille, et se croyoit environnée de bandits. Le lieu de la scène étoit une salle antique et ténébreuse ; une seule fenêtre, haute et gothique, en éclairait l’immensité ; deux bat-