Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/174

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madame Montoni. Elle descendit à la salle où les domestiques se rassembloient ordinairement. À mesure qu’elle avançoit, elle entendoit de loin des voix irritées : les visages qu’elle rencontroit, les figures qui se heurtoient dans ces nombreux passages, augmentoient encore son effroi. Enfin elle arriva dans la salle qu’elle cherchoit, mais cette salle étoit totalement déserte. Ne pouvant plus se soutenir, Emilie s’y reposa. Elle pensa qu’elle chercheroit inutilement madame Montoni dans le labyrinthe immense de ce château, qui sembloit assiégé de brigands. Elle eût voulu retourner chez elle : elle craignoit de rencontrer ces hommes effrayans.

Tout-à coup un murmure lointain interrompit ce morne silence ; il devint de plus en plus fort ; elle distingua des voix, et même des pas s’approchoient. Elle se leva pour sortir, mais on venoit par l’unique chemin qu’elle pût suivre ; elle prit le parti d’attendre que ces gens fussent entrés dans la salle. On poussoit quelques gémissemens ; elle vit un homme que quatre autres portoient : les forces lui manquèrent à cet affreux spectacle. Les porteurs entrèrent dans la salle, trop occupés pour retenir, ou même pour remarquer Emilie. Elle voulut