Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mériteriez de le croire encore, puisque vous m’en jugez capable.

— Si vous êtes innocent, dites-le-moi vîte, dit Emilie presque mourante ; je n’ai pas assez de force pour vous écouter plus long-temps.

— Je ne vous dirai plus rien, dit-il en s’éloignant. Emilie eut encore assez de courage pour le rappeler et pour se rapprocher d’Annette. Elle prit son bras, et toutes deux marchèrent sur le rempart, jusqu’à ce qu’elles entendirent quelques pas derrière elles : c’étoit Bernardin de retour.

Renvoyez cette fille, dit-il à Emilie, je vous dirai tout.

— Non ; reprit Emilie, elle peut entendre tout ce que vous avez à me dire.

— Le peut-elle, mademoiselle ? lui dit-il ; vous n’en saurez donc pas davantage. Il se retiroit, quoique lentement ; mais l’anxiété d’Emilie surmontant le ressentiment et la crainte que cet homme lui inspiroit, elle le pria de rester, et s’éloigna d’Annette.

Madame, dit-il, est vivante pour moi seul ; elle est ma prisonnière. Son Excellence l’a enfermée dans la chambre au-dessus du portail, et m’en a confié le soin. J’allois vous dire que vous pouviez la voir ; mais maintenant…