Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce que la musique ne revenoit point, et elle en attendit le retour avec un sentiment plus fort que la curiosité.

Elle distingua long-temps les éclats de Montoni et de ses convives, leurs entretiens bruyans, leur gaîté dissolue, leurs chansons reprises en chœur qui ébranloient tous les échos ; elle entendit les portes du château se refermer pour toute la nuit. Ce bruit sourd à l’instant fit place à un silence qu’interrompit seulement le passage des personnes qui regagnoient leurs logemens. Emilie, jugeant que la veille elle avoit entendu la musique à-peu-près à la même heure, dit à Annette de se retirer, et ouvrit doucement la fenêtre pour entendre le retour des plus charmans accords ; la planète qu’elle avoit remarquée au premier son de la musique n’étoit point encore levée. Cédant à une impression superstitieuse, elle fixoit attentivement la partie du ciel où l’on devoit la découvrir, attendant presque la musique au moment de son apparition. À la fin elle parut, et brilla sur les tours orientales du château. Son cœur trembla si-tôt qu’elle l’apperçut ; elle eut à peine assez de courage pour rester près de la fenêtre, et craignit que la musique, en renouvelant sa terreur, n’achevât d’épuiser