Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/217

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droits à cet héritage, dans le cas où madame Montoni mourroit sans le livrer à son époux ; et ses premiers refus n’indiquoient pas qu’elle s’en fût dessaisie. Se rappelant au même instant les manières de Bernardin, elle se persuadoit mieux ce que d’abord elle avoit imaginé ; c’est qu’elles exprimoient une maligne satisfaction. Elle frissonna à ce souvenir, qui confirma ses craintes ; elle se détermina à ne pas se trouver sur la terrasse ; mais ensuite elle inclina à voir dans ses soupçons l’extravagante exagération d’un esprit fatigué et timide ; elle ne put croire Montoni dépravé jusqu’au point d’anéantir, pour un seul objet, et son épouse et sa nièce. Elle se reprochoit une vivacité d’imagination, qui l’entraînoit si fort au-delà de toute probabilité. Elle résolut d’en réprimer les écarts ; encore tressailloit-elle à la pensée de joindre Bernardin sur la terrasse après minuit. Mais le desir d’être délivrée d’un doute affreux, le desir de voir sa tante et de la consoler, balançaient d’ailleurs toutes ses craintes.

— Comment se peut-il, Annette, que je traverse la terrasse aussi tard, dit-elle en se recueillant ? les sentinelles m’arrêteront, et M. Montoni le saura.

— Oh ! mademoiselle, on y a pensé,