Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/34

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Je n’ai pas le temps de m’arrêter à de pareilles misères, dit Montoni ; cette chambre vous a été destinée, et vous devez vous en contenter. Il n’est pas vraisemblable que personne ait pris la peine d’aller monter un escalier pour l’intérêt de fermer une porte. Si elle ne l’étoit pas quand vous entrâtes, le vent a fort bien pu faire glisser les verroux. Mais je ne sais pas pourquoi je m’occuperois d’une circonstance aussi frivole.

Une semblable explication ne pouvoit nullement satisfaire Emilie. Elle avoit remarqué que les verroux étoient fort rudes, et conséquemment n’avoient pu facilement se mouvoir. Elle s’interdit cette représentation ; mais elle renouvela sa demande.

Si vous voulez rester esclave de pareilles craintes, dit Montoni avec sévérité, abstenez-vous du moins d’en fatiguer les autres. Sachez vaincre toutes ces misères, et travaillez à fortifier votre ame. Il n’y a pas de plus méprisable existence que celle qu’empoisonne la frayeur. En prononçant ces mots, il regarda fixement madame Montoni : elle rougit excessivement, et garda toujours le silence. Emilie, offensée et fortement déconcertée, trouvoit alors ses craintes trop naturelles pour mériter de tels sarcasmes. Mais s’appercevant que son cha-