Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/41

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— Non, dit Emilie, fatiguée de son bavardage.

— Quoi ! mademoiselle, vous ne vous rappelez pas Ludovico, celui qui manœuvroit la gondole du cavalier à la dernière régate, et qui gagna le prix ? celui qui chantoit de si jolis vers sur Roland, sur les Maures et Charle… Charle… magne… ? oui, c’étoit le nom ; et toujours sous ma jalousie, au portique d’occident, au clair de lune à Venise. Oh ! comme je l’écoutois !

— Je crains pour toi, ma bonne Annette, dit Emilie. Il me semble que ses vers ont emporté ton cœur. Mais laissez-moi vous conseiller, s’il est ainsi, de bien garder le secret, et sur-tout ne pas le lui laisser savoir.

— Ah ! mademoiselle, comment peut-on garder un secret comme celui-là ?

— À présent, Annette, je me trouve tout-à-fait remise, et vous pouvez me laisser.

— Oh ! mais, mademoiselle, j’ai oublié de vous demander comment vous aviez pu reposer dans cette vieille et affreuse chambre la nuit dernière. — Comme à l’ordinaire. — Vous n’avez donc entendu aucun bruit ? — Aucun. — Ni rien vu ? — Rien