Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/54

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bloit exciter leur courage. Montoni revint au château, pensif et silencieux.

L’esprit d’Emilie n’étoit pas assez remis de son dernier choc pour supporter la solitude de sa chambre. Elle resta seule sur les remparts. Madame Montoni ne l’avoit point invitée à la suivre dans son cabinet, qu’elle regagnoit avec un évident chagrin. Emilie, depuis l’expérience qu’elle avoit faite, avoit perdu tout désir d’examiner les ténébreuses et mystérieuses retraites du château. Les remparts lui servirent d’asyle ; elle y resta jusqu’au moment où les brouillards grisâtres du soir se furent répandus sur la perspective.

Les hommes soupèrent entre eux. Madame Montoni se tint chez elle. Emilie fut l’y joindre avant que de se retirer. Elle trouva sa tante tout en pleurs, et dans une grande agitation. La tendresse d’Emilie étoit naturellement si insinuante, qu’elle manquoit rarement de consoler un cœur affligé. Celui de madame Montoni l’étoit ; mais les plus doux accens de la voix d’Emilie perdirent leur effet auprès d’elle. Elle feignit, avec sa délicatesse ordinaire, de ne pas observer la douleur de sa tante ; mais elle mit dans toutes ses manières une grâce si touchante, une sollicitude si tendre dans tout son