Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/70

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flexions ; mais quand elle se leva pour se déshabiller, le silence, la solitude où elle se trouvoit à cette heure avancée, loin de tout bruit, l’impression enfin que lui avoit laissée le sujet sur lequel elle venoit de méditer, tout se réunit pour lui ôter le courage. Les ouvertures d’Annette, toutes frivoles qu’elles étoient, n’avoient pas laissé de l’affecter ; elles venoient à la suite d’une circonstance épouvantable, dont elle-même avoit été témoin, et dont le théâtre étoit près de sa chambre.

La porte de l’escalier étoit peut-être le sujet d’une frayeur mieux fondée ; elle commença à craindre que cet escalier ne communiquât à la chambre dont le souvenir la faisoit trembler. Déterminée à ne point se déshabiller, elle se jeta toute vêtue sur son lit ; le chien de son père, le fidèle Manchon, couché à ses pieds, lui servoit de sentinelle.

Ainsi préparée, elle essaya de bannir ses réflexions ; mais son esprit occupé erroit encore sur les points qui l’intéressoient, et l’horloge du château sonna deux heures avant qu’elle eût fermé les yeux.

Elle succomba pourtant à un léger sommeil ; elle en fut arrachée par un bruit qui lui parut s’être élevé dans sa chambre.