Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle le regardoit, muette d’effroi. Pour lui, à genoux auprès d’elle, il la conjuroit de ne pas craindre ; et, jetant son épée, il voulut lui prendre la main ; mais recouvrant alors les forces dont la terreur lui avoit d’abord ôté l’usage, Emilie s’élança du lit toute vêtue ; et sûrement une frayeur prophétique lui avoit inspiré une pareille précaution.

Morano se leva, et la suivit vers la porte par laquelle il étoit entré ; il la retint, lorsqu’elle arrivoit à la première marche. ; mais déjà elle avoit, à la lueur d’une lampe, reconnu un autre homme au milieu de l’escalier. Elle fit un cri de désespoir ; et, se croyant livrée par Montoni, elle ne vit plus aucune ressource.

Le comte, qui avoit pris sa main, l’entraîna dans la chambre.

Pourquoi tout cet effroi, dit-il d’une voix tremblante ? Écoutez-moi, Emilie, je ne viens pas pour vous troubler ; non, par le ciel, je vous aime trop, sans doute, pour mon repos.

Emilie le regarda un moment avec l’incertitude de la peur.

Laissez-moi, monsieur, lui dit-elle ; laissez-moi donc, et sur-le-champ.

Écoutez-moi, Emilie, reprit Morano,