Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/77

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portunez pas, dit Emilie d’une voix foible ; je suis bien malheureuse, et je dois continuer à l’être. Laissez-moi, je vous prie, laissez-moi à ma destinée.

Jamais, s’écria le comte impétueusement ; je périrai plutôt. Mais pardonnez cette violence ; la pensée de vous perdre me trouble la raison. Vous ne pouvez ignorer quel est le caractère de Montoni. Vous pouvez ignorer ses projets, oui, vous les ignorez, sans doute, ou vous ne balanceriez pas entre mon amour et sa puissance.

Je ne balance pas, dit Emilie.

Partons, dit Morano en lui baisant la main et se levant a la hâte ; ma voiture m’attend ; elle est sous les murs du château.

Vous vous trompez, monsieur, dit Emilie ; je vous rends grâces de l’intérêt que vous prenez à mon sort ; mais laissez-moi le décider moi-même. Je resterai sous la protection de M. Montoni.

— Sous sa protection ! s’écria fièrement Morano, sa protection ! Emilie, vous laisserez-vous donc abuser ? je vous ai dit ce que seroit sa protection.

— Excusez-moi, monsieur, si dans cet instant je n’en crois pas une simple assertion, et si j’exige quelques preuves.