Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/79

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a si insolemment outragé ! je lui apprendrai ce que c’est que la morale, la justice, et sur-tout la vengeance : qu’il vienne, et je lui plonge mon épée dans le cœur ! La véhémence avec laquelle il s’exprimoit devint pour Emilie une nouvelle cause d’alarme. Elle se leva de sa chaise ; mais ses jambes tremblantes n’eurent pas la force de la soutenir, elle retomba. Ses paroles expirèrent sur ses lèvres. Elle regardoit attentivement la porte fermée du corridor ; elle voyoit qu’elle ne pouvoit fuir sans que Morano la vît et s’opposât à son dessein.

Morano, sans remarquer le trouble où elle étoit, parcouroit la chambre dans un désordre effrayant. Sa physionomie obscurcie, exprimoit à-la-fois toute la rage de la jalousie et toute celle de la vengeance. Quiconque eût vu l’instant d’auparavant ses traits exprimer la plus tendre sensibilité, eût eu peine à le reconnoître.

— Comte Morano, dit Emilie en retrouvant enfin la voix ; calmez-vous, je vous en conjure. Écoutez la raison, si ce n’est pas la pitié. Vous vous méprenez également dans votre amour et dans votre haine. Je ne pourrois jamais répondre à l’affection dont il vous a plu de m’honorer, et certainement je ne l’ai jamais encouragée. M. Montoni n’a