Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/120

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— C’étoit un homme de qualité, dit Bertrand ; autrement le sénat ne se seroit pas donné la peine d’en rechercher lui-même les assassins. Jusqu’à présent, le signor est bien heureux. Ce n’est pas la première affaire de ce genre qu’il a sur le corps ; mais quand un gentilhomme n’a pas d’autre moyen de satisfaction, il faut bien prendre celui-là.

— Oui, dit Ugo, pourquoi ne seroit-il pas aussi bon qu’un autre ? C’est la manière d’avoir tout d’un coup bonne justice ; et si vous recourez aux lois, vous attendez tout le temps qu’il plaît aux juges ; vous pouvez perdre votre cause. La meilleure façon est d’assurer son droit soi-même, et de se faire justice.

— Oui, oui, reprit Bertrand, attendez qu’on vous la fasse, vous attendrez long-temps. Si j’ai besoin seulement d’employer un ami, je ne pourrai obtenir vengeance. Dix contre un me diront que l’adversaire a raison, et que moi j’ai tort. Si un particulier s’empare d’un bien que je crois à moi, irai-je mourir de faim en attendant que la loi me le donne, et risquer encore que les juges, après tous les délais, disent qu’il ne m’appartient pas ? Que faut-il faire en pareil cas ? La chose est claire ; prendre d’abord.