Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/128

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La contrainte que lui imposoit la présence de ses guides changea sa terreur en un sombre désespoir. La perspective affreuse de ce qui pouvoit l’attendre la rendoit presqu’indifférente aux dangers qui l’environnoient ; elle considéroit sans émotion les difficultés et l’obscurité de la route, et les montagnes, dont les contours se distinguoient à peine dans les ténèbres ; objets pourtant qui avoient si vivement affecté ses esprits, et dont la teinte sévère ayoit ajouté récemment aux horreurs de son avenir.

Il faisoit alors si noir, qu’en avançant au plus petit pas, les voyageurs, voyoient à peine assez pour se conduire. Les nuages, qui sembloient chargés de foudre, passoient lentement sous la voûte des cieux, et, dans leurs intervalles, laissoient voir les tremblantes étoiles. Les masses de cyprès et de sycomores qui ombrageoient les rochers, se balançoient au gré des vents, et les bois où ils s’engouffroient rendoient au loin le plus triste murmure. Emilie frissonnoit malgré elle.

— Où est la torche ? dit Ugo ; le temps se couvre.

— Non, pas encore, reprit Bertrand, nous voyons le chemin. Il vaut mieux ne pas allumer tout le temps qu’on le pourra.