Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/132

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pagnie ! j’ai autant de cœur que les plus braves : il y a bien quelques pauvres diables qui pourraient en convenir, s’ils étoient encore vivans ; mais que peut-on contre le nombre ?

— Que marmotez-vous là ? dit Ugo d’un air de mépris ; Et qui est-ce qui craint le nombre ? Qu’ils viennent, qu’ils viennent ; et tant qu’il en tiendroit au château du signor Montoni, je voudrais leur montrer à quel homme ils auroient affaire. Pour vous, je vous laisserois tranquillement au fond de quelque trou ; vous regarderiez, et vous verriez comme je ferois fuir mes coquins… Qui parle de crainte ?

Bertrand lui répliqua, avec un serment effroyable, qu’il n’aimoit pas les plaisanteries. Il y eut entr’eux une très-violente altercation, le tonnerre la fit cesser ; la foudre tout à coup éclata au-dessus de leurs têtes avec un tel fracas, que la terre parut ébranlée jusque dans ses fondemens. Les brigands firent une pause, et se regardèrent tous deux. Les lueurs bleues de l’éclair sillonnoient le sol entre les touffes des arbres, et Emilie qui regardoit à travers le feuillage, voyoit à tout moment les montagnes se couvrir d’une flamme livide et sulfureuse. Alors, peut-être, elle avoit moins peur de