Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/134

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cipitoit avec rage ses tourbillons au-dessus des bois ; la lueur rougeâtre de la torche en jetoit un éclat plus fort, et laissoit voir alors des retraites faites uniquement pour les loups, dont Ugo avoit d’abord parlé.

À la fin la force du vent parut écarter les orages ; la foudre résonnoit au loin, et ne se faisoit que foiblement entendre. Après une heure de marche dans les bois, les élémens parurent un peu calmés ; les voyageurs du vallon se trouvèrent à la crête brune d’une montagne ; une large vallée s’étendoit à leurs pieds, et se laissoit voir à la clarté douteuse de la lune encore voilée. Quelques nuages parcouroient encore le ciel éclairci de la tempête, et se retiroient lentement aux bords de l’horizon.

Quand Emilie se vit hors de ces bois, elle se sentit ranimée ; elle pensoit que, si ces deux hommes avoient eu l’ordre de la détruire, ils auroient certainement exécuté ce dessein barbare dans le désert affreux dont elle venoit de sortir, et où jamais un regard humain n’en auroit pu trouver la trace. Rassurée par cette réflexion et par la tranquillité de ses guides, elle descendit en silence par un chemin fait pour les troupeaux, et pratiqué à droite aux bords des bois. Emilie