Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/175

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tenoit. Emilie, à la fin, lui fit comprendre son danger. Elles se sauvèrent dans la chambre d’Annette, qui se trouvoit très-écartée des autres. Aucune crainte néanmoins ne pouvoit faire taire Annette. — Oh ! ma chère demoiselle, disoit-elle en marchant, que de peurs j’ai eues ! Ah ! j’ai cru mourir cent fois. Je ne croyois pas vivre assez pour vous revoir. Je n’ai jamais été si contente de voir quelqu’un, que je le suis de vous retrouver. — Paix ! crioit Emilie, nous sommes poursuivies, c’est l’écho de leurs pas. — Non, mademoiselle, disoit Annette, c’est une porte que l’on ferme ; le son court sous les voûtes, et l’on y est souvent trompé. Quand on ne feroit que dire un mot, cela retentit comme un coup de canon. — Il est donc, disoit Emilie, bien essentiel de nous taire. De grâce, ne parlons pas Avant d’être à votre chambre. Elles s’y trouvèrent enfin, sans avoir rien rencontré. Annette ouvrit la porte, et Emilie se mit sur le lit pour reprendre un peu de force et de respiration. Sa première demande fut si Valancourt n’étoit pas prisonnier. Annette lui répondit qu’elle n’avoit pu le savoir, mais, qu’elle étoit certaine qu’il y avoit plusieurs, prisonniers au château. Ensuite elle commença, à sa manière, à raconter le siège,