Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/202

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nue par cet homme, qui la considéroit avec une vive expression de tendresse et d’inquiétude. Elle n’avoit de force, ni pour répondre, ni pour interroger. Elle ne fit aucune question, fondit en larmes, et se dégagea de ses bras. L’étranger changea de physionomie. Surpris, consterné, il regardoit Ludovico pour chercher quelqu’éclaircissement ; mais Annette lui donna l’explication que Ludovico même cherchoit. — Oh ! monsieur, s’écria-t-elle en sanglotant, monsieur, vous n’êtes pas l’autre chevalier. Nous attendions M. de Valancourt ; ce n’est pas vous. Ah ! Ludovico, avez-vous pu nous tromper ainsi ? Ma pauvre maîtresse ne s’en relèvera jamais ! jamais ! L’étranger, qui sembloit fort agité, essaya de lui parler ; mais les mots expirèrent sur ses lèvres ; et frappant son front de sa main, comme dans un soudain désespoir, il se retira tout à coup à l’autre bout du corridor.

Annette sécha ses larmes, et s’adressant à Ludovico : — Peut-être, après tout, lui dit-elle, l’autre chevalier n’est pas celui-ci. Peut-être le chevalier Valancourt est-il encore en bas ? Emilie leva la tête. — Non, répliqua Ludovico ; M. de Valancourt ne fut jamais là-bas, si ce cavalier n’est pas lui. Si vous aviez eu la bonté de me confier