Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/205

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M. Valancourt, je dois vous rendre ce portrait. Ce ne seroit pas une action généreuse. Vous le reconnoîtrez vous-même, et vous me permettrez d’ajouter que ce seroit me faire une injure que d’insister pour l’obtenir. Je me trouve honorée de l’opinion flatteuse que vous avez conçue de moi. Mais… (elle hésita) ; la méprise de ce soir me dispense de vous en dire davantage.

— Oui, madame ; hélas ! oui, répliqua l’étranger : après un long silence, il continua : Accordez-moi du moins de vous montrer mon désintéressement, si ce n’est pas mon amour. Acceptez mes services : mais, hélas ! quels services puis-je offrir ? je suis moi-même prisonnier, victime ainsi que vous ! Mais quelque chère que me soit la liberté, je ne la chercherois pas à travers la moitié des hasards que je voudrois affronter pour vous tirer de cet infâme repaire. Acceptez les services d’un ami, et ne me refusez pas la récompense d’avoir tenté du moins de mériter votre reconnoissance.

— Vous la méritez déjà, monsieur, dit Emilie ; le vœu que vous exprimez mérite tous mes remercîmens. Excusez-moi si je vous rappelle le danger que vous courez en prolongeant cette entrevue. Ce sera une grande consolation pour moi, soit que vos