Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/63

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même cette partie du château, comme s’il eût craint la contagion de la mort. Il ne paroissoit pas qu’il eût rien ordonné relativement aux funérailles. Emilie craignit que ce ne fût une insulte à la mémoire de madame Montoni ; mais elle fut délivrée de cette crainte, quand, le soir du second jour, Annette vint l’informer que l’enterrement seroit pour la nuit. Elle savoit bien que Montoni ne s’y trouverait pas ; il lui étoit déchirant de penser que le cadavre de son infortunée tante passeroit au tombeau sans qu’un parent ou un ami lui rendît les derniers devoirs. Elle se décida à les remplir sans qu’aucune considération pût l’en détourner ; sans ce motif, elle eût frémi d’accompagner le convoi sous la voûte froide de la chapelle ; elle devoit y suivre des hommes dont le maintien et la figure annonçoient autant de meurtriers ; à minuit, à cette heure de silence et de mystère, choisie par Montoni pour livrer à l’oubli les restes d’une épouse, dont sa conduite trop barbare avoit du moins précipité la fin.

Emilie pénétrée de douleur et de respect, et secondée par Annette, disposa le corps, pour la sépulture ; elles l’enveloppèrent, le couvrirent d’un linge, et attendirent jusqu’à minuit. Elles entendirent à ce mo-