Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/67

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soit qu’il vouloit lui parler ; mais la présence des Condottieri le retint. En retournant aux cours, ils se permirent d’indécentes plaisanteries sur son état et ses cérémonies. Il les endura en silence, et demanda pour toute grâce qu’on le remenât sain et sauf à son couvent. Emilie l’écouta avec un extrême intérêt, et se sentit glacée d’horreur. Arrivée dans la cour, le moine lui donna sa bénédiction, et, après un regard de pitié, prit le chemin du portail avec un homme qui tenoit une torche. Annette en prit une autre, et conduisit Emilie dans son appartement. La physionomie de ce Père, sa tendre expression de pitié, avoient ému le cœur d’Emilie : c’étoit à ses vives instances que Montoni avoit accordé qu’un prêtre vînt rendre à son épouse les devoirs religieux ; Emilie n’en savoit pas plus. Annette lui dit qu’il habitoit un monastère dans les montagnes, à quelques milles de là. Le supérieur, qui redoutoit Montoni et les siens autant qu’il pouvoit les haïr, avoit probablement craint de l’offenser par un refus, et avoit ordonné au moine d’officier à ces funérailles. La charité chrétienne et la sainteté du devoir qu’il s’agissoit de remplir, avoient vaincu sa répugnance à pénétrer dans les murs du château. Le sol de la cha-