Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/80

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des fenêtres, et rembruni les boiseries de chêne qui l’entouroient. L’extrémité du corridor étoit devenue tellement sombre, qu’à peine distinguoit-on la fenêtre qui le terminoit.

Tout le long des voûtes et des passages au-dessous, les éclats de rire se prolongeoient, et venoient retentir jusqu’aux parties les plus écartées. Le calme absolu qui suivoit, en paroissoit plus effrayant. Emilie cependant qui ne vouloit point retourner à sa chambre isolée avant qu’Annette fût revenue, arpentoit toujours la galerie. Elle passa devant l’appartement où elle avoit une fois osé lever un voile, et où elle avoit vu un si hideux spectacle, qu’elle ne pouvoit encore se le rappeler sans horreur. Ce souvenir lui revint tout à coup. Il amena avec lui des réflexions plus terribles que jamais, et telles que la dernière conduite de Montoni pouvoit bien les lui suggérer. Elle se hâta de quitter la galerie pendant qu’elle conservoit encore assez de force pour le faire ; elle entendit quelques pas derrière elle. Ce pouvoit être ceux d’Annette ; mais tournant les yeux avec crainte, elle démêla, au travers de l’obscurité, une grande figure qui la suivoit ; toutes les horreurs de cette chambre lui revinrent à l’esprit, et le