Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/95

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les vieilles murailles du château. Ils se traînèrent les uns les autres de leur mieux. Vous ne vouliez pas me croire, mademoiselle, quand je vous montrais le canon même où ce prodige se faisoit voir !

— Êtes-vous donc assez simple, Annette ! dit Emilie qui sourit d’une exagération si curieuse, êtes-vous donc assez simple, pour croire à toutes ces histoires !

— Les croire ! mademoiselle ; le monde entier ne sauroit m’en désabuser. Roberto, Sébastien, une demi-douzaine d’entr’eux, pour le moins, s’en sont évanouis de peur, et il n’y auroit pas de raisons pour cela ! Je dis qu’il n’y auroit pas de raisons ! Lorsque l’ennemi viendra, me disois-je, quelle mine feront-ils tous, s’ils tombent en syncope par bandes ? L’ennemi sera peut-être moins civil que le fantôme : il ne s’amusera pas à se promener, et à leur laisser le temps de se remettre ; mais il tombera dessus à grands coups ; et ils ne se relèveront que morts. Non, disois-je, non ; il y a une cause à toute chose. J’aurois pu m’évanouir, moi ; mais ce n’est pas une règle pour eux. Aussi n’est-ce pas mon affaire que d’avoir l’air refrogné, et de combattre à la bataille.

Emilie s’efforça de raisonner avec la trop crédule Annette, quoiqu’elle-même ne se