Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/97

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s’informer avec grand soin si le château contenoit des prisonniers, et de tâcher d’en savoir les noms.

— Ah ! ma chère demoiselle, dit Annette, j’oubliois de vous dire ce que j’ai appris relativement à ces prétendues dames qui sont arrivées à Udolphe. C’est la signora Livona que monsieur amena chez madame, à Venise : elle est à présent sa maîtresse, et alors c’étoit, j’ose le dire, à peu près la même chose. Ludovico me dit (mais de grâce, mademoiselle, ne le dites pas) que son excellence ne l’y avoit présentée que pour en imposer au monde. On commençoit à s’égayer sur son compte ; mais quand on vit que madame la voyoit, on crut que tous ces discours n’étoient que des calomnies. Les deux autres sont les maîtresses des deux signors Bertolini et Verezzi. Le signor Montoni les a toutes invitées : hier il a donné un grand repas ; il y avoit tous les vins de Toscane, des ris, des chants qui ébranloient le château. Pour moi, je trouvois ce bruit indécent, si peu de temps après la mort de notre pauvre dame ; il me venoit à l’esprit tout ce qu’elle auroit pensé si elle avoit pu l’entendre ; mais la pauvre âme, disois-je, elle n’entend rien.

Emilie se détourna pour dérober son