Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/105

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conduite, dont elle adoucissoit plutôt qu’elle n’exagéroit la peinture, il se levoit de son siège, et se promenoit au hasard, comme si le remords, autant que le ressentiment, avoient soulevé son cœur. Il ne parla que des maux qu’elle avoit soufferts, dans le peu de paroles qu’il put lui adresser : il n’écouta pas ce qu’elle lui dit, quoique très-clairement, du sacrifice nécessaire des biens de madame Montoni, et du peu d’espérance qu’elle avoit de les recouvrer. Valancourt, à la fin, resta abîmé dans ses pensées ; il sembloit tourmenté de quelque peine secrète, et il la quitta brusquement. Quand il revint, elle s’apperçut qu’il avoit répandu des larmes, et le pria tendrement de se remettre. — Mes souffrances sont finies, lui dit-elle ; j’ai échappé à la tyrannie de Montoni. Je vous trouve bien portant, laissez-moi aussi vous voir heureux.

Vaiancourt, plus agité que jamais, répondit : Je suis indigne de vous, Emilie, je suis indigne de vous. Ces mots, et plus encore, l’accent avec lequel ils étoient prononcés, affectèrent vivement Emilie ; elle jeta sur lui un regard triste et inquiet. Ne me regardez pas ainsi, lui dit-il en se retournant et lui serrant la main ; je ne puis supporter ces regards.