Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/124

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Il couvrit son visage d’une main, comme pour cacher son émotion, et prit celle d’Emilie, qui ne la retira pas. Elle ne put retenir ses larmes. Il s’en apperçut. Toute sa tendresse revint ; un rayon d’espérance pénétra rapidement au fond de son ame. Eh quoi ! vous me plaignez, s’écria-t-il ! vous m’aimez encore ! vous êtes toujours mon Emilie ! souffrez que j’en croie vos larmes.

— Oui, je vous plains, lui dit-elle ; mais dois-je encore vous aimer ? Croyez-vous être encore ce même Valancourt estimable que j’aimois autrefois ?

— Que vous aimiez autrefois, s’écria-t-il ! Le même ! le même ! Il s’arrêta dans l’excès de son émotion, et reprit douloureusement : Non, je ne suis plus le même ; je suis perdu ! je ne suis plus digne de vous !

Il couvrit encore son visage. Emilie étoit trop touchée d’un aveu si sincère pour pouvoir répondre aussi-tôt. Elle luttoit contre son cœur ; elle sentoit le danger de se fier long-temps à sa résolution en la présence de Valancourt. Elle étoit empressée de terminer une entrevue qui les désoloit tous les deux. Cependant quand elle pensoit que ce seroit probablement la der-