Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/129

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suis-je pas défendu des séductions qui devoient à jamais me rendre méprisable ? Il se tourna vers elle, il prit sa main, et lui dit d’une voix tendre : — Emilie ! pouvez-vous supporter que nous nous séparions ! pouvez-vous abandonner un cœur qui vous aime comme le mien ! un cœur, qui malgré ses erreurs, n’appartiendra jamais qu’à vous ! Emilie ne répondit que par ses larmes. — Je n’avois pas, ajouta-t-il, une pensée que je voulusse vous cacher, pas un goût, pas un plaisir, auxquels vous ne pussiez prendre part.

Ces vertus pourroient encore être les miennes, si votre tendresse qui les avoit nourries n’étoit pas changée sans retour ; mais vous ne m’aimez plus : les heures si douces que nous avons passées ensemble se retraceroient à votre souvenir, vous ne pourriez y revenir sans émotion ! Je ne vous affligerai pas plus long-temps ; mais avant que je parte, laissez-moi vous les répéter. Quel que puisse être mon destin, quelles que doivent être mes souffrances, je ne cesserai pas de vous aimer, de vous aimer tendrement ! Je pars, Emilie, je vais vous quitter, et pour toujours. À ces mots, sa voix s’affoiblit : il retomba sur sa chaise avec abattement. Emilie ne pouvoit ni sortir, ni