Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/133

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mais que son courage ne l’abandonnât. Emilie répondit au billet, et le comte revint sur le sujet de la dernière conversation. Il parut craindre les sollicitations de Valancourt, et il lui peignit les malheurs auxquels elle s’exposoit pour l’avenir, si elle ne résistoit à un chagrin actuel et passager ; ces représentations répétées pouvoient seules la prémunir contre l’effet de son affection, et elle résolut de suivre ses conseils.

L’heure de l’entrevue à la fin arriva. Emilie se présenta avec un extérieur composé ; mais Valancourt, trop agité, fut quelques minutes sans pouvoir parler ; ses premières phrases furent tour à tour plaintes, prières, reproches contre lui-même ; ensuite il dit : — Emilie, je vous ai aimée, je vous aime plus que ma vie ; je suis ruiné par ma faute, et cependant je ne puis nier que je n’aimasse mieux vous entraîner dans une union malheureuse de misère, que d’endurer, en vous perdant, la punition que je mérite… Je suis un malheureux, mais je ne veux plus être un lâche ; je ne chercherai plus à ébranler vos résolutions par les instances d’une passion égoïste. Je renonce à vous, Emilie, et je tâcherai de me consoler en songeant que, si je suis infortuné, vous pouvez au moins